PFAS : les dangers pour la santé, comment réduire son exposition et se détoxifier ?

Par Carole GIRARD

Les PFAS sont des substances per- et polyfluoroalkylées largement utilisés depuis les années 1950 dans l’industrie en raison de la solidité des liaisons carbone fluor qu’ils contiennent. Ils servent dans la fabrication d’une multitude de produits.

99% des Français sont contaminés

Ces composés chimiques peu coûteux, performants résistants et très maniable sont malheureusement toxiques pour tous les êtres vivants, y compris lorsqu’ils se dégradent dans l’environnement.

Depuis 2023, plusieurs de ces composés chimiques (PFOA et PFOS) ont été classés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme « cancérogène pour les humains » (groupe 1) et « peut-être cancérogène pour les humains » (groupe 2B). Ils sont particulièrement dangereux car ils pénètrent dans l’organisme par de multiples voies (ingestion, inhalation, contact cutané).

Malheureusement on les retrouve chez 100% des sujets (744 adultes et 249 enfants) de l’étude française Esteban menée par Santé publique France il y a 10 ans, et ils sont responsables de divers troubles de la santé et maladies.

En Europe, le « Forever Pollution Project » a identifié 22.934 sites de contamination connus, dont 20 installations de fabrication de PFAS, et 21.426 « sites de contamination présumés », dont 13.745 sites vraisemblablement contaminés par des rejets de mousses filmogènes aqueuses fluorées (AFFF), 2.911 installations industrielles et 4.752 sites liés à des déchets contenant des PFAS.

En Auvergne, l’ARS indique effectuer des contrôles de la présence de PFAS dans l’eau de consommation, les milieux (air, sols, milieu aquatique) et les denrées alimentaires. A Clermont-Ferrand et dans sa région, nous n’échappons pas au risque en raison de la présence de sites de production, d’utilisation ou d’émission de PFAS (industrie chimique, industrie papetière, industrie textile, métallurgie, traitement des déchets).

Des normes françaises et européennes réglementent aujourd’hui leur usage. Malgré cela, ils restent très présents dans la vie quotidienne, notamment dans l’eau et les denrées alimentaires d’origine animale (poisson, mollusque, crustacé, œuf, fruits, viande et abat), mais aussi l’air intérieur des habitations et lieux de travail.

Pourquoi les PFAS sont dangereux pour la santé ?

Très persistants dans l’environnement, de nombreuses études scientifiques ont démontré les effets néfastes et dangereux des PFAS sur la santé des êtres humains en raison de leur composition toxique. Le corps humain a beaucoup de mal à les éliminer.

Ils entraînent une pollution de l’eau, l’air, les sols, les sédiments, les plantes et les aliments avec lesquels ils entrent en contact.

Chez l’hommes les PFAS participent au développement de troubles de la santé et maladies connus, tels que :

  • Augmentation du taux de mauvais cholestérol et des triglycérides,
  • Surpoids et obésité pondérale,
  • Diabète de type II,
  • Athérosclérose,
  • Facteur aggravant des maladies inflammatoires chroniques,
  • Baisse de la fertilité, tant chez l’homme que la femme,
  • Impact négatif sur le développement du fœtus (bébé de faible poids),
  • Perturbation du système endocriniens et immunitaire (diminution de la réponse des anticorps à la vaccination, carence en vitamine D),
  • Caries dentaires,
  • Risque accru de cancers du foie, du rein, des testicules, du sein,
  • Troubles neurologiques.

Catégories d’effets sur la santé mentionnées par les intervenants lors des réunions publiques
du CDC (Center of Desease Control and Prevention – USA 2022 – source NIH)

Où se trouvent les PFAS dans la vie quotidienne ?

Ce qui est dramatique, c’est que les Pfas sont partout :

  • Poêles, casseroles, appareils de cuisson, ustensiles de cuisines aux propriétés antiadhésives (ex : Teflon),
  • Emballages alimentaires en papier et en carton,
  • Textiles et peintures imperméabilisantes,
  • Cosmétiques longue tenue ou waterproof, vernis,
  • Embouts buccaux de cigarette électronique,
  • Certains biberons et embout d’allaitement maternelle (l’OMS rappelle que l’allaitement maternel est recommandé de façon exclusive jusqu’à 6 mois pour un bénéfice santé – source ARS)
  • Produits ménagers imperméabilisants ou antitaches, produits antistatiques,
  • Dispositifs médicaux,
  • Revêtements photorésistants et antireflet,
  • Revêtements antiadhésifs (ex : fart utilisé sous les skis, semelle de fer à repasser),
  • Isolant pour fils électriques, câbles électroniques,
  • Tenues et vêtements résistantes aux fortes chaleurs,
  • Vêtements de pluie, moquettes et tissus d’ameublement,
  • Mousses anti-incendie, fluides hydrauliques pour l’aviation,
  • Lubrifiants et cires pour sols et voitures,
  • Gaz réfrigérants,
  • Fabrication de produits électroniques (agent de gravure pour semi-conducteurs composés et céramiques filtres),
  • Produits phytopharmaceutiques (pesticides),
  • Placage métallique dans les systèmes en boucle fermée,
  • Certains appâts à insectes,
  • Dans l’air ambiant à proximité des usines et sites industriels produisant ou utilisant des PFAS
  • etc.

Comment réduire son exposition au danger des PFAS ?

Eviter les sources d’exposition

Tout d’abord, évitez de vous exposer aux PFAS le plus souvent possible, afin de « diminuer l’effet dose toxique », puis éliminez les de l’organisme.

Identifiez vos sources d’exposition, tant à la maison que sur votre lieu de travail, afin de réduire au maximum les risques. L’idéal est de consulter votre médecin ou votre naturopathe qui sera vous aider dans cette démarche, mais surtout vous proposera des alternatives pertinentes et peu coûteuses.

Changez vos habitudes de consommation et remplacez dès que possible vos usages dangereux, comme remplacer vos tupperware par des boites de conservation en verre, prendre des tampons hygiéniques et serviettes menstruelles BIO, sortir les aliments de leur emballage plastique ou carton après achat (pain, poisson, viande, fromage, etc.).

Quelles solutions existent pour éliminer les PFAS de l’organisme ?

Prenez régulièrement des produits de phytothérapie et nutriments qui aident le foie à détoxifier ses substances et à les éliminer de l’organisme, en soutenant aussi vos reins. Boire de l’eau filtrée le plus souvent possible. N’oubliez pas aussi d’optimiser votre microbiote intestinal. N’hésitez pas à m’en parler lors de votre prochain rendez-vous, si vous pensez être particulièrement exposé à la toxicité des PFAS.

Dans l’idéal, essayez avec l’aide de votre naturopathe de connaître votre degré de contamination en fonction de vos troubles identifiés, afin de vous détoxifier en veillant à réaliser pleinement le travail d’élimination. Sachez que vous avez notamment la possibilité de faire mesurer en Laboratoire d’analyses médicales (environ 80€) la quantité des principaux PFAS présents dans votre organisme, comme :

  • PFNA : acide perfluorononanoïque
  • PFOS : sulfonate de perfluorooctane
  • PFOA : acide perfluorooctanoïque
  • PFDA : acide perfluorodécanoïque
  • PFHpA : acide perfluoroheptanoïque
  • PFHxA : acide perfluorohexanoïque

Cela permet de bénéficier d’une prise en charge précise et personnalisée dans le cadre d’un protocole micro nutritionnel adapté et cohérent. Voici également quelques conseils utiles.

Sources & références :

ANSES 2024 – « PFAS, des substances chimiques très résistantes
EFSA 2020 – Risques pour la santé humaine de la présence de PFAS dans l’alimentation
« Les molécules PFAS : une préoccupation majeure pour la santé humaine et l’environnement » – Emiliano Panieri – 2022 – Revue Toxics MDPI
« Toxicité pour la santé des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées émergentes : comparaison avec les anciens SPFO et PFOA » – Lore Jane L Espartero – 2022 – Revue Elsevier environnement
« Directives sur l’exposition aux PFAS, les tests et le suivi clinique » – National Institues of Health 2022
« Concentrations personnelles prépandémiques de substances PFAS et d’autres polluants : effets spécifiques et combinés sur l’incidence de la maladie COVID-19 et de l’infection par le SRAS-CoV-2 » – José Pumarega – 2023 – Revue Elsevier
Conclusions de l’étude : « Les résultats confirment les associations entre les concentrations sanguines individuelles de certains polluants organiques persistants et éléments chimiques et le risque d’infection à la COVID-19 et au SARS-CoV-2 dans ce qui reste la seule étude de cohorte prospective et populationnelle sur le sujet. Les mélanges de polluants organiques persistants et d’éléments chimiques peuvent contribuer à expliquer l’hétérogénéité des risques d’infection au SARS-CoV-2 et à la COVID-19 dans la population générale »
Certains produits chimiques utilisés comme solvants et dans la fabrication de polymères – Monographies du CIRC sur l’évaluation des risques cancérogènes pour l’homme – OMS 2016